Les graphitos de Zivo
L'obscure beauté du monde
Les fines graphies de Zivo évoluent sur un fond nocturne, dans une sorte d'apesanteur et d'atemporalité.
L'oeil accroche aisément leurs contours, plonge immédiatement dans ces microcosmes d'où émane une
poésie simple et directe. Comment expliquer la puissance suggestive qui les traverse ?
Les techniques de grattage sont ancestrales et au croisement de diverses disciplines: incision, gravure, dessin.
Ces voisinages créent d'ailleurs quelque ambiguïté sur la nature des images ainsi produites, c'est pourquoi
les Surréalistes, grands amateurs d'équivoque, ont adopté le grattage, parallèlement au frottage, au collage,
à l'écriture et au dessin automatique, comme processus spontané propre à libérer l'imagination.
Zivo reprend cette idée de faire surgir des formes de couches sous-jacentes. Points , traits, lignes, courbes
jaillissent des ténèbres et j'agencent en une suite de compositions et tableaux. Une fois le décor posé, avec
la couleur de ses humeurs, du soir ou du matin, le récit et l'histoire peuvent se dérouler. Par un dessin à la fois
descriptif et abstrait, traduit en quelques traits fluides, personnages, animaux, objets entament un dialogue
onirique avec l'univers, questionnant plus qu'il ne donne de réponse. Ambivalents, ces espaces de transpositions
poétiques célèbrent le jeu, l'ingéniosité, la jubilation de créer, sans renier pour autant la dimension tragique
des destinées qui se jouent et se déjouent dans le théâtre de la cruauté quotidienne.
"Le jour brille un instant puis c'est la nuit à nouveau. En avant !" s'exclame Pozzo à la fin d'En attendant Godot,
les petites scènes des cartes à gratter de Zivo évoquent avec ces mêmes accents beckettiens, toute
l'obscure beauté du monde.
Françoise-Hélène Brou
Historienne et critique d'Art
L'obscure beauté du monde
Les fines graphies de Zivo évoluent sur un fond nocturne, dans une sorte d'apesanteur et d'atemporalité.
L'oeil accroche aisément leurs contours, plonge immédiatement dans ces microcosmes d'où émane une
poésie simple et directe. Comment expliquer la puissance suggestive qui les traverse ?
Les techniques de grattage sont ancestrales et au croisement de diverses disciplines: incision, gravure, dessin.
Ces voisinages créent d'ailleurs quelque ambiguïté sur la nature des images ainsi produites, c'est pourquoi
les Surréalistes, grands amateurs d'équivoque, ont adopté le grattage, parallèlement au frottage, au collage,
à l'écriture et au dessin automatique, comme processus spontané propre à libérer l'imagination.
Zivo reprend cette idée de faire surgir des formes de couches sous-jacentes. Points , traits, lignes, courbes
jaillissent des ténèbres et j'agencent en une suite de compositions et tableaux. Une fois le décor posé, avec
la couleur de ses humeurs, du soir ou du matin, le récit et l'histoire peuvent se dérouler. Par un dessin à la fois
descriptif et abstrait, traduit en quelques traits fluides, personnages, animaux, objets entament un dialogue
onirique avec l'univers, questionnant plus qu'il ne donne de réponse. Ambivalents, ces espaces de transpositions
poétiques célèbrent le jeu, l'ingéniosité, la jubilation de créer, sans renier pour autant la dimension tragique
des destinées qui se jouent et se déjouent dans le théâtre de la cruauté quotidienne.
"Le jour brille un instant puis c'est la nuit à nouveau. En avant !" s'exclame Pozzo à la fin d'En attendant Godot,
les petites scènes des cartes à gratter de Zivo évoquent avec ces mêmes accents beckettiens, toute
l'obscure beauté du monde.
Françoise-Hélène Brou
Historienne et critique d'Art